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Histoire vivante napoléonienne - Etudes des reconstitueurs

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Histoire vivante napoléonienne - Etudes des reconstitueurs Empty Histoire vivante napoléonienne - Etudes des reconstitueurs

Message par Le Captif Lun 1 Juin - 19:35

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A.D. Vidal, Histoire vivante napoléonienne, Etude des reconstitueurs, Ed ; L’Harmattan, Paris, 2020, 204 pp.

Pour la première fois je vais me permettre de réaliser la recension d’un livre que je viens de commander avec hâte et lire et noter dans la foulée. Je préviens que je vais être particulièrement critique, l’auteur et ceux qui ont collaboré avec lui ne m’en veuillent pas, mais je le serai dans un esprit constructif, ne pouvant pas être totalement objectif. Pourquoi ? Parce que bien que n’ayant jamais mélangé ma carrière de chercheur et d’enseignement supérieur avec celle de la « reconstitution », je ne peux nier n’y d’être un historien spécialisé dans l’Histoire militaire, avec un accent prépondérant sur le Premier Empire, n’y d’avoir dans la « reconstitution » mon principale hobby.
Commençons donc par la présentation du livre et de l’auteur, en suivant les informations données en 4ème de couverture et rapidement retrouvée en ligne (pas d’infos via Linkedin). L’auteur est diplômé d’Histoire Contemporaine à l’Université française et l’origine de cette recherche, ainsi que de son texte, semble être sa mémoire de M2, dont je n’ai pas pu retrouver plus d’informations. Il y a là un premier problème : l’étude qui est réalisé, avec toutes les précautions de l’enquête de terrain, est plutôt un travail de recherche sociologique ou même d’ethnographie, en assumant pour justifier ce terme la forte limitation uniquement à la communauté française et napoléonienne. De plus, l’auteur ne semble pas du tout être un spécialiste dans sa formation de l’Histoire militaire des guerres de la Révolution et de l’Empire, ce que, à notre avis, posera un problème dans la compréhension de certains aspects que nous détailleront plus tard. La double analyse via une enquête quantitative et une enquête qualitative couplés d’une analyse sur le terrain et tout à fait méritoire, mais trop limitée. Le champion d’analyse quantitative se compose de 154 réponses au questionnaire, pas un grand chiffre quand nous pouvons considérer un bassin de grognards beaucoup plus important en France. De même l’enquête sur le terrain est limitée à 8 événements, dont 1 hors-périodes et 3 multi-époques, et aucune reconstitution de bataille de n’importe quelle dimension. La limitation au cadre nationale est aussi un très fort handicap en considérations du fait que la « reconstitution » dépasse largement les frontières nationales pour n’importe quel événement d’une certaine épaisseur, du point de vue des participants comme aussi des organisateur (Montereau 2014, dir. 8ème ; Rueil-Malmaison, infanterie dir. CENS) et des sites, la « reconstitution » s’étant popularisé en Europe en même temps que l’ouverture des frontières.
Pour conclure dans l’aspect méthodologique je ne suis pas totalement d’accord avec certaines analyses statistiques (notamment celle de p.113), ni avec la structure très « académique » du texte surement héritée de la Mémoire de M2, mais qui donne lieu à certaines lenteurs dans une publication extérieure.
Venons maintenant plus à ce qui est, au moins pour nous, l’aspect centrale de ce texte : la « reconstitution ». Je suis sûr que plusieurs de ce qui sont en train de lire ce commentaire ont déjà relevé un sourcil en découvrant l’utilisation de ce terme entre guillemets, je m’explique : nous savons très bien que notre hobby peut être qualifié par plusieurs définitions comme reconstitution historique, archéologie vivante, histoire vivante, AMHE (Arts Martiaux Historiques Européennes – Western Martial Arts). Ces appellations ne sont pas des synonymes, chacune peut avoir une définition légèrement, voir totalement, différente pas seulement en fonction de qui l’applique mais aussi de la période à laquelle nous l’appliquons. Sur une même période deux Associations peuvent utiliser deux appellations différentes parce-que les objectifs et les rendus finaux de l’expérience sont totalement différents. Certaines époques sont plus portées vers un aspect plutôt que l’autre, pour de raisons de recherche historique, de connaissance et divulgation sur la période, de faisabilité et de condition physique ou même climatique. L’Auteur prends pour Or fin un peu trop rapidement des définitions acquises on ne sait pas exactement où, et continue à les appliquer sans vrai réflexions derrière. La critique exprimée à p.115 sur l’ignorance du terme AMHE par les grognards aurait dû faire soulever la question si ce terme est bien choisi pour les événements Révolution et Empire : comment pouvons nous critiquer l’ignorance du maniement de l’épée dans une armée de conscription, où un fantassin sur 8 n’a pas d’épée-briquet et ou les affrontements sont résolus par l’échange de feu ? Nous avons l’impression d’une certaine méconnaissance de l’évolution militaire au 18ème siècle et que le mythe de la Baïonnette et de la Furia franzese est passé par là.
Il y a une patente manque de connaissance du milieu, que les interviews qualitatives n’ont pas permis de rattraper en saisissant la complexité du milieu. Le rappel de la naissance et l’évolution de la reconstitution est un peu rapide et lacuneux et encore un fois on fait un peu trop confiance à un article comme base des informations. Nous sommes sûrs que les différentes personnes interviewées ont fait tout le possible pour essayer de donner une image assez complète mais, encore une fois, on généralise de position individuelles ou associatives qui ne correspondent pas à la totalité du milieu. Le manque de connaissance du milieu, Révolution/Empire comme d’autres époques, fait apparaître des affirmations qui sont encore totalement soumises à débat et sont cependant prises comme des définitions officielles. Je me réfère là à l’affirmation concernant le « devoir de mémoire » à p.117 qui, je vous connais, fera frémir plus d’un.
Pour conclure il me reste une dernière remarque, qui s’applique à la totalité de ce travail. L’auteur souligne dès la présentation de son cadre méthodologique et le répète à plusieurs reprises la volonté de garder une totale objectivité dans l’analyse de sujet. Principe louable, à condition que cet éloignement (contacts réduits, pas d’immersion, pas de participation aux événements off) n’empêche la récolte d’informations ce qui, à notre avis, a été le cas. Rien ni personne ne lui demandait de s’inscrire dans une association et de s’équiper à se frais, mais je pense que plusieurs associations auraient été disponibles de l’équiper sur un ou des événements. Cette démarche lui aurait permis de capter plus d’informations, saisir plus d’enjeux et surtout de dépasser cette barrière de méfiance qu’il a en revanche bien remarqué. Je ne pense pas que l’immersions, si elle n’est pas totale, puisse totalement biaiser la subjectivité si soutenue d’une bonne méthodologie, mais ça fait longtemps depuis ma lecture de Malinowski et Evans-Pritchard.
Que-ce que nous pouvons donc dire en guise de conclusion ? La publication est surement intéressante et elle fera bien sûr en certain bruit dans le milieu. Le travail a le mérite de souligner plusieurs points intéressants, mais le manque d’approfondissement et les limites du bassin d’enquête nous donnent le droit de douter de plusieurs clés de lecture de notre « hobby ». Peut-être cette enquête pourrait être poursuivie en élargissant les contacts et en débouchant sur une étude comparative entre plusieurs époques, voir plusieurs Pays. Il reste fondamental de remercier l’Auteur pour son travail et son engagement dans cette recherche, ainsi que l’éditeur pour avoir publié autour d’un sujet si particulier.
Bonne lecture !

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Message par La Férule Dim 1 Jan - 15:52

Merci Giorgio pour cette recension, très utile et que je ne découvre que maintenant (honte à moi)... Cela ne donne pas franchement envie de lire cet ouvrage, alors même que le sujet est passionnant!
Ce que je retiens de ton analyse c'est que ce livre ne semble ni briller par sa maitrise scientifique, ni par les choix faits par l'auteur. Notamment un manque de curiosité intellectuelle à l'égard de notre période qui biaise dès le début la possibilité de faire un travail honnête et utile...
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